Grafting, the most sustainable way to control phylloxera over 150 years
Abstract
Just over 150 years ago, grape phylloxera, Daktulosphaera vitifoliae, was introduced to Europe from North America via imports of plant material. This aphid-like insect has spread rapidly to most vineyards, causing rapid and lethal decline of Vitis vinifera. What happened in the second half of the 19th century in response to this pest has shaped the way in which grapevines are cultivated and wines produced in worldwide. Among the solutions identified, grafting onto rootstocks with American Vitis backgrounds gradually came to the fore for its many advantages. Compared with other methods of control, it was seen as a sustainable, feasible on large scale and economical for winegrowers. Grafting grapevine can be considered the first widespread biological control method in modern agriculture and offers many benefits for plant adaptation to the environment. This paper provides an overview from the history of the phylloxera crisis to the latest scientific findings on the control of phylloxera. It aims to remind us that grape phylloxera is not an issue of the past and that the utmost vigilance is still necessary. Despite some limits, grafting remains the most sustainable means of combating phylloxera and meeting the viticultural challenges of tomorrow.
Greffer, la solution la plus durable contre le phylloxera depuis 150 ans
Il y a un peu plus de 150 ans, le phylloxéra, daktulosphaera vitifoliae, a été identifié en Europe, notamment en France, après avoir été préalablement introduit d’amérique du nord via l’importation de vitis américaines. Ce puceron à la biologie et au cycle complexes s’est rapidement propagé à la plupart des vignobles, causant un dépérissement rapide et létal des vignes de l’espèce Vitis vinifera L. En raison des dégâts primaires et secondaires que sa pullulation sur les racines engendre. Pour faire face à ce fléau et en raison de l’importance économique de cette filière pour la France, les représentants professionnels organisés en « sociétés d’agriculture », les scientifiques et les pouvoirs publics se sont mobilisés afin d’en identifier les causes exactes, chercher des solutions et essayer d’enrayer la crise socio-économique sans précédent qui s’en est suivie. Ce qui s’est passé au cours de la seconde moitié du XIXe siècle et les décisions qui en ont découlé ont façonné jusqu’à aujourd’hui la manière de cultiver la vigne et de mettre en valeur les vins, en France et dans le monde. Parmi les solutions identifiées, celle du greffage sur des porte-greffes issus de vitis américaines ou celle d’hybrides interspécifiques naturellement résistants au phylloxéra radicicole s’est peu à peu imposée pour les nombreux intérêts qu’elle présentait. A cette époque, et en comparaison des autres moyens, elle apparaissait avant tout comme généralisable, pérenne (sur la durée de vie d’une plantation de vigne) et d’un moindre impact économique pour les vignerons. Les avantages outrepassaient les inconvénients ou les risques présupposés régulièrement mis en exergue par certains acteurs, ce qui généra parfois des polémiques virulentes. Une intense activité de création de porte-greffes a alors vu le jour, et l’immense majorité de ceux qui sont utilisés aujourd’hui ont été obtenus et sélectionnés entre 1880 et 1920. Une fois la crise surmontée et le vignoble en grande partie reconstruit grâce aux plants greffés, l’intérêt pour les recherches sur le phylloxéra et les porte-greffes a fortement diminué. La vigilance restait pourtant de mise dans les pays ou vignobles où la vigne était encore conduite franche de pied. Sur le long terme, et alors que le phylloxéra reste une menace, les avantages du greffage se sont confirmés en matière de durabilité des résistances, non contournées jusqu’à aujourd’hui, et de faible (voire absence) impact environnemental. De multiples autres bénéfices ont également pu être retirés de cette pratique, dépassant largement l’objectif initial : adaptation à de nombreuses conditions pédo-climatiques pour un même cépage, à d’autres ravageurs et maladies, levier de production au service de choix qualitatifs et quantitatifs. On peut considérer que c’est la première méthode de lutte biologique généralisée en agriculture, constituant une solution résolument moderne à une problématique majeure, fondée sur des mécanismes naturels. Récemment quelques controverses, parfois accompagnées d’encouragements à cultiver des vignes non-greffées, ont été lancées sur l’éventuel impact négatif du greffage sur la santé du vignoble, la perte de biodiversité et la qualité des vins, critiques jamais scientifiquement démontrées. Depuis la fin du xxe siècle, plusieurs travaux de recherche ont permis de préciser les connaissances sur la biologie du phylloxéra, son génome et sa diversité génétique, ainsi que sur la génétique de la résistance à cet insecte et d’autres caractères d’intérêt chez les espèces de vitis, les interactions porte-greffe x greffon, et le greffage lui-même. Ces dernières années l’intérêt renouvelé pour le porte-greffe comme levier majeur d’adaptation au changement climatique et pour l’agroécologie redynamise les recherches en la matière. De nouvelles recherches sont également indispensables pour une meilleure compréhension des problèmes rencontrés dans les vignobles non-greffés à travers le monde, supposés être liés à l’augmentation de la population de phylloxéra sous l’effet du changement des méthodes culturales (irrigation) ou de l’apparition de souches de phylloxéra plus agressives.. La présente communication reviendra sur l’histoire de la crise phylloxérique et la recherche de moyens de lutte. Elle fera un point sur les derniers résultats acquis sur le phylloxéra, la génétique de l’insecte et celle de la résistance des vitis à ce puceron. Elle abordera la question du greffage et des porte-greffes à partir de données historiques et des travaux de recherche les plus récents menés dans nos laboratoires. Elle évoquera les recherches sur certains moyens alternatifs qui pourraient éventuellement répondre à la problématique actuelle des vignobles non-greffés. Elle tentera de répondre à certains éléments de controverse. Elle rappellera que la problématique du phylloxéra de la vigne n’est pas une question du passé et que la plus grande vigilance est de mise. La conclusion de cette communication sera que malgré certains inconvénients qui n’ont pu être évalués qu’a posteriori et les questions importantes qui restent ouvertes, le greffage reste aujourd’hui le moyen le plus durable pour lutter contre le phylloxéra et de répondre aux enjeux de la viticulture de demain.
El injerto: la solución más duradera contra la filoxera desde hace 150 años
Hace poco más de 150 años, el pulgón de la filoxera, daktulosphaera vitifoliae, fue identificado en europa, sobre todo en francia, tras haber sido introducido desde norteamérica a través de importaciones de vitis americanas. Este pulgón, de biología y ciclo complejos, se extendió rápidamente a la mayoría de los viñedos, causando un rápido y letal declive en las vides de la especie vitis vinifera L. Debido a los daños primarios y secundarios que provoca en las raíces. Ante esta plaga, y dada la importancia económica de este sector en francia, los representantes profesionales organizados en “sociedades agrarias”, los científicos y las autoridades públicas se unieron para identificar las causas exactas, buscar soluciones e intentar frenar la grave crisis socioeconómica que se desencadenó. Lo que ocurrió en la segunda mitad del siglo XIX y las decisiones que se tomaron a continuación han marcado la forma en que se cultiva la vid y se producen los vinos en francia y en todo el mundo hasta nuestros días. Entre las soluciones identificadas, el injerto en portainjertos de vitis americanas o en híbridos interespecíficos naturalmente tolerantes a la filoxera se impuso progresivamente por sus numerosas ventajas. En aquella época, en comparación con otros métodos, se consideraba sobre todo un método generalizable, sostenible (a lo largo de la vida de un viñedo) y con un menor impacto económico para los viticultores. Las ventajas superaban a los inconvenientes y presuntos riesgos señalados periódicamente por algunos agentes, lo que a veces dio lugar a virulentas polémicas. Se realizaron intensos esfuerzos para crear portainjertos y la gran mayoría de los que se utilizan hoy en día se obtuvieron y seleccionaron entre 1880 y 1920. Una vez superada la crisis y reconstruidos en gran parte los viñedos con plantas injertadas, el interés por la investigación sobre la filoxera y los portainjertos disminuyó bruscamente. La vigilancia siguió estando a la orden del día en los países y viñedos en los que todavía se cultivaba la vid en pie franco. A largo plazo, aunque la filoxera sigue siendo una amenaza, se han confirmado las ventajas del injerto en cuanto a la durabilidad de la resistencia, que no ha sido eludida hasta la fecha, y al bajo (o incluso inexistente) impacto medioambiental. También se han derivado de esta práctica otros muchos beneficios, que van mucho más allá del objetivo inicial: adaptación a una amplia gama de condiciones edafoclimáticas, a otras plagas y enfermedades, herramienta de producción para tomar decisiones cualitativas y cuantitativas). Puede considerarse el primer método de lucha biológica generalizado en la agricultura, que aporta una solución decididamente moderna a un problema importante, basada en mecanismos naturales. Recientemente, ha habido cierta controversia, a veces acompañada de la incitación a cultivar vides no injertadas, sobre el posible impacto negativo del injerto en la salud de los viñedos, la pérdida de biodiversidad y la calidad del vino, críticas que nunca se han demostrado científicamente. Desde finales del siglo XX, varios proyectos de investigación han mejorado nuestros conocimientos sobre la biología de la filoxera, su genoma, la diversidad genética, la genética de la resistencia a la filoxera y otras características de interés en las especies de vitis, las interacciones portainjerto x injerto y el propio injerto. En los últimos años, el renovado interés por los portainjertos como principal medio de adaptación al cambio climático y a la agroecología ha revitalizado la investigación en este campo. También se están encontrando diversos problemas en los viñedos no injertados de todo el mundo, con informes de cepas de filoxera cada vez más agresivas con determinados portainjertos. Esta comunicación repasará la historia de la crisis de la filoxera y la búsqueda de medios para combatirla. Repasará los últimos descubrimientos sobre la filoxera, la genética del insecto y la resistencia de vitis a este pulgón. Abordará la cuestión de los injertos y los portainjertos, basándose en datos históricos y en las investigaciones más recientes llevadas a cabo en nuestros laboratorios. Examinará la investigación sobre métodos alternativos que podrían aportar una solución al problema actual de los viñedos no injertados. Intentará responder a ciertas cuestiones controvertidas. Sobre todo, se pretende recordar que la filoxera no es cosa del pasado y que es necesaria la máxima vigilancia. A pesar de algunos inconvenientes que sólo podrían evaluarse a posteriori y de las importantes preguntas que siguen abiertas, el injerto sigue siendo hoy en día el medio más sostenible para luchar contra la filoxera y hacer frente a los retos de la viticultura del mañana.
DOI:
Issue: OIV 2024
Type: Article
Authors
¹ INRAE – ISVV, 210 Chemin de Leysotte, 33140 Villenave d’Ornon, France
² Institut Français de la Vigne et du Vin, V’innopôle Sud-Ouest, 1920 Route de Lisle sur Tarn, 81310 Peyrole, France
³ Institut Agro – IHEV, Bât. 28bis, Bureau 209, 2 Place Pierre Viala, 34060 Montpellier, France
⁴ Haute École de Viticulture et d’Œnologie, Route de Duillier 52, Case Postale 1, 1260 Nyon, Switzerland
⁵ Conservatoire du Vignoble Charentais, 12 Route de l’Ancien Séminaire, 16370 Cherves-Richemont, France
⁶ Bordeaux Sciences Agro – ISVV, 71 Avenue Édouard Bourleaux, 33140 Villenave d’Ornon, France
⁷ Bordeaux Sciences Agro – ISVV, 210 Chemin de Leysotte, 33140 Villenave d’Ornon, France